« Toute personne »

toute personne

Acier, feutre, texte de la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et de son préambule en découpe. 394 x 6475 cm
2009

Commande publique réalisée dans le cadre de la commémoration du cinquantenaire de l’ENM 

communiqué de presse ENM

le préambule et les 30 articles  © A. Béguerie
préambule © A. Béguerie préambule  © A. Béguerie
les 30 articles  © A. Béguerie vernissage  © A. Béguerie Détail article 11  © A. Béguerie
articles 17 et 18 © A. Béguerie vernissage  © A. Béguerie

©A.Béguerie

Un jour, un ami nous raconta que, pour son propre anniversaire, il avait offert un beau cadeau à sa compagne. Pour fêter les 50 ans de l’École Nationale de la Magistrature, nous rappelant cette anecdote, nous nous sommes demandés quelle pouvait bien être l’élue de cette école pour lui adresser notre travail. Tournant les yeux vers la ville de Bordeaux, nous avons décidé de faire un projet pour les passants et alors, de l’installer non au sein de l’école mais sur le Parvis des droits de l’Homme. Allant relire la Déclaration qui donne son nom à ce parvis, saisis par son actualité, nous décidâmes tout simplement de l’y rendre présente. « Toute personne » est apparue dans des jeux de relations ordinaires.

« Toute Personne » c’est alors le texte de la Déclaration Universelle des Droits de l’homme de 1948 mis en place sur le Parvis des Droits de l’Homme à Bordeaux. Il s’y inscrit au sol, en cheminement sur 65 m, de façon pérenne. Il se déroule au fil des architectures grandioses environnantes, à l’horizontal et dans la perspective, s’effaçant ou brillant selon l’heure du jour. Le préambule qui introduit cette déclaration pose l’origine de l’œuvre aux portes de l’École Nationale de la Magistrature . Les 30 articles, chacun sur une plaque, s’égrènent sous les tilleuls le long du mail. L’article 30, le dernier, ouvre sur l’esplanade du tribunal de justice. « Toute personne » fait lien entre l’école et le tribunal.

« Toute personne » se glisse dans le travail développé sur les sols de la ville de Bordeaux avec les moult dalles commémoratives qui y prennent place. Mais, par son échelle et sa facture, « Toute personne » n’est quant à elle pas commémorative mais aux prises avec l’actualité. « Toute Personne » offre une lecture des Droits de l’Homme dans le déplacement, tout autant au piéton nonchalant qui prend le temps de le parcourir qu’à celui qui, dans son quotidien, l’attrape bribe par bribe. C’est en mouvement que l’on découvre ou relit ce texte, une lecture dynamique pour dire le chemin, long, à parcourir, vers « l’idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations *1 ».

« Toute personne » est dessinée pour ramener l’attention du piéton sur le contenu du texte. Qu’il s’agisse des choix typographiques, avec la « Jigsaw » dessinée par Johanna Bilak, de la mise en page avec des césures sémantiques qui aèrent le texte, de la couleur noire du texte qui absorbe l’ombre des lettres, ou qu’il s’agisse de la facture même de l’objet, un acier oxydé avec un emboutissage antidérapant sobre, tout est choisi pour conférer lisibilité et accessibilité au texte, afin que chacun aille à l’espoir fraternel et pacifiste qu’il contient, que chacun y œuvre tant est qu’il puisse. « Toute personne » relie les lecteurs. « Toute personne » fait liens dans l’espace et dans le temps entre nos instances démocratiques, entre les personnes, qu’elles soient magistrats, étudiants, écoliers, citoyens aux prises avec la justice, simples passants…

Par son titre, « Toute Personne », incipit de nombreux articles de cette déclaration, allie « toute », et « personne », deux mots qui peuvent être contradictoires. « Toute » c’est nous, chacun, chacune, sans distinction, considéré en lui-même et en chaque élément de son ensemble. « Personne », c’est l’individu, mais c’est aussi aucun de nous lorsqu’une négation le côtoie. Ce titre, ainsi porteur de ces glissements sémantiques, rappelle que cette déclaration requiert encore beaucoup de travail pour que « toute personne » s’en reconnaisse le sujet.

Pour réaliser « Toute Personne » nous avons rassemblé des compétences multiples qui toutes se sont enthousiasmées généreusement dans ce projet. Nous citerons Sophie Offenstein et Didier Lechenne, deux graphistes qui nous ont accompagné pour une meilleure lisibilité de ce texte ; Johanna Bilak, la typographe qui a dessiné Jigsaw, la police de caractère que nous avons utilisée ; Oxymétal, Métal Mobil ou la So.Mo.Pa, les trois entreprises d’Aquitaine qui ont mobilisé leur savoir-faire pour la fabrication puis la pose ; les pépinières Pozo qui nous ont aidé pour la recherche de feutre horticole ; les Peintures Pronyl pour le traitement des feutres ; Les Papillons Blancs pour l’apport de films de protection ; Gillard & Richard pour leur disponibilité et promptitude dans les transports entre les différents lieux de fabrication ; Alain Béguerie pour son suivi photographique, et aussi Zebra 3, Cécile Renaut, Clément Lacour et Eliott qui ont accompagné les trois jours de montage, sous un beau soleil. Merci à tous sans qui « Toute Personne » n’aurait pu être dans les délais rapides qui l’ont vu naître.

*1 . extrait du préambule de la Déclaration universelle des droits de l’homme